Dispositif – un

28 novembre 2025 12h59, dans le train vers Quimper

Ca y est c’est le départ pour le weekend chez mamie dans le Finistère. Je suis monté dans le train après l’avoir attendu un peu quand même. Je pensais y être tôt mais la plupart des gens avait pris les sièges duos libres. Je me suis installée à un club de quatre : pas de tablette ici, mais au moins une prise électrique pour brancher mon ordinateur. Les assises sont toujours peu confortables et pas très adaptés à mon grand corps ; au moins je peux étendre mes jambes et je suis à côté de la grande fenêtre. Qu’ils sont laids les sièges rose fuschia et violets. Ils ont l’air un peu vieilli. Sûrement beaucoup de gens se sont installés ici comme moi et partaient vers des aventures : j’aurais aimé savoir lesquelles. 

Le roulis du train m’apaise déjà, les gens déjeunent un peu. Je les entends froisser des papiers de sandwichs. Il fait bon et j’ai déjà manger ma galette. Je regrette un peu que ça soit si cher d’ailleurs parce que j’ai encore faim… J’ai quand même des gâteaux princes pour survivre cet aprem. De toute manière, l’heure et demi d’attente à Quimper me permettra un café quelque part. 

Ici les gens sont discrets. En diagonale de moi, il y a une jeune femme super stylée avec toutes ses grosses bagues son gros collier, sa coupe mulet, ses percings au visage. Elle a l’air sympa, je lui ai prêté mon chargeur. Elle se maquille. Du noir et du blanc autour des yeux c’est vraiment très beau. Le train remue un peu, je ne sais pas comment elle fait pour que ça soit aussi précis.  Un look grunge apprété.  

Il y a des anglais je crois, je les entends se dire des choses mais c’est lointain. Un couple qui ne rigole pas. Je ne sais pas trop si ça me donne envie. Ah l’amour. Je suis bien loin de ça à présent. 

Dehors le temps est gris. Ca se voit que c’est le retour de l’hiver, les arbres se dégarnissent, le crachin humide revient, la lumière est basse. 

Avant de m’installer ici, j’étais partie récupérer une galette. Jambon emmental, j’ai pas fait compliqué. Après, dans dix minutes, je présume que je serais toujours à la même place. Peut-être même que je me serais endormie. Nous traverserons Redon, je pense bien sûr à mon ami Germain qui nous a quitté il y a un an (ses obsèques étaient là-bas). Sa sœur nous a transmis une photo de mes 25 ans qu’il avait prise. Elle a retrouvé une pellicule dans sa chambre et l’a faite développer. Je ne me souvenais pas de ce moment. 

Je suis heureuse de partir retrouver un endroit que j’aime, je suis heureuse de pouvoir y passer quelques jours et d’aller voir la mer. Je pars retrouver mamie, l’esprit assez calme. Un petit volcan d’envie se ressent dans mon plexus. J’ai envie de mille choses. C’est orange.

Je rêve quand même d’un lit où faire une sieste de peut-être trois heures.